Visiteur, bienvenue sur ce blog. Celui-ci est sans prétention, il n'existe que pour partager quelques bons moments passés sur mon vélo et si possible vous donner envie d'en faire autant. Bonne lecture et revenez quand vous voulez.

Un Corse m'a dit....

en montant au col
de la Scalella
Un Corse m'a dit: Ici pour faire une route, nous prenons un "bourricot" et nous le laissons tracer son chemin dans la montagne. Comme il s'économise il trace une route paisible qui va de col en val et de val en col. Lorsque nous n'avons pas de "bourricot" et bien nous prenons un ingénieur...
Et bien nous avons pu le constater nous préférons le "bourricot".


Lorsque nous ouvrons les yeux, ce matin du 4 mai nous découvrons au travers du hublot le cap Corse sous les nuages. Une heure plus tard nous roulons sur la route qui nous emmène hors de Bastia où nous avons débarqué et le soleil à pris le dessus. Il ne nous quittera pratiquement plus pendant tout notre séjour.


Les Îliens à cette heure matinale se rendent à leur travail et nous le font sentir à la manière dont ils nous traitent au volant de leurs 4X4. Nous allons devoir faire très attention pour ne pas finir au fossé tout au long des 1500 Km que nous allons parcourir.
 
Le long de la corniche qui épouse le relief de la côte nous nous habituons doucement à la charge des sacoches pour les uns et la remorque pour les autres. Nous découvrons les tours génoises chargées d'histoire de cette île tant de fois envahie.



la tour de Castellare
Si les habitants s'étaient réfugiés en montagne pour se protéger, de toute évidence ils sont redescendus en bord de mer où les marines se succèdent.
 
Bientôt nous arrivons à notre première étape au camping de Santa Severa, seul ouvert à cette époque et nous devrons nous accommoder de l'état crasseux des sanitaires et qui est inversement proportionnel au tarif de la nuitée. A peine le camp installé, les vélos allégés, nous partons à l'assaut des deux premiers cols de notre périple et très vite nous comprenons que, si les altitudes sont faibles, les dénivelés sont bien là. La route se redresse très vite et nous ne regrettons pas les sacoches et remorques restées au camping. Nous opterons d'ailleurs pour cette formule plusieurs fois au cours du séjour.
Prudemment nous redescendons par une route non asphaltée mais ce sera une des seules car le réseau routier de Corse s'est nettement amélioré depuis quelques années.
Notre première nuit sous la tente commence et la fatigue nous ayant vaincu nous nous endormons très vite.

Le Cap Corse
Réveil matinal, aujourd'hui nous nous rendons au petit port de Barcaggio qui fait face à l'île de la Giraglia, point le plus au nord du Cap Corse.
Nous longeons la côte jusqu'à Marcinaggio d'où nous apercevons les îles de Finocchiarolla et bien plus loin l'île d'Elbe et de Monte Christo. Après un virage à gauche, nous grimpons vers le col de Saint Nicolas avant de redescendre sur le Cap. C'est un peu notre cap nord et c'est toujours émouvant d'arriver à un bout du monde. Donc demi tour pour remonter vers le col de la Serra et le belvédère du moulin Mattei d'où la vue à 360° est véritablement imprenable.

Le moulin Mattei


Depuis le sanctuaire on peut voir le moulin côtoyant les éoliennes plantées sur le Monte di é Cattelle, le passé et le futur. En se penchant un peu, mais pas trop, on peut découvrir le petit port de Centuri que les amateurs de langoustes apprécient énormément. Nous devions y faire étape mais le camping étant fermé nous rentrons sur Santa Severa.
Nous avions monté la tente pour la première fois hier, demain matin nous plierons pour la première fois.

Le réveil sonne à 6h et les muscles endoloris ont du mal à se réveiller. Le démontage et le chargement se passent bien et après le petit déjeuner nous enfourchons nos vélos chargés pour remonter le col de Santa Lucia avant de redécouvrir la côte ouest que nous allons longer jusqu'à Saint Florent. La mer nous offre un spectacle majestueux de couleur et de clarté et chaque virage est plus beau que le précédent.
Au passage nous admirons le village de Nonza, BPF pour les cyclotouristes, sa magnifique église et son bistrot où nous saurons nous rafraîchir à l'Orezza, qui deviendra notre boisson favorite.
Nous arrivons à Saint Florent ayant vaincu un vent de face violent et le dernier col à 76 m aura eu raison de nos dernières forces.

Une bonne nuit réparera les dommages de la journée et demain sera un autre jour. L 'étape commence bien, 100m de route plate, un virage à droite et c'est parti pour une grimpette de 20 km qui va nous voir traverser le "désert des agriates" mais ici, pas de chameaux, pas de dunes mais du maquis, la chaleur y est bien présente et nous serons heureux d'atteindre le bocca di Vezzu. La descente, magnifique, nous mène sur la "Balanina" et sur 20 kms nous devrons redoubler de prudence pour rejoindre l'Île Rousse qui tire son nom de la couleur des rochers qui l'entourent. Nous ne raterons pas le coucher de soleil avant d'aller nous coucher.

Pour rejoindre notre parcours du jour, nous devons réemprunter la "Balanina" mais heureusement calme à cette heure matinale. La suite sera une succession d'ascension et de descente avec au programme, entres autres cols, le Bocca di Baraglia à près de 1100m. Nous gravirons au total 2400m pour 100 kms et visiterons de magnifiques villages dont Belgodère, nous admirerons au passage quelques couleuvres endormies sur la route et nous serons obligés de faire un détour pour les laisser bronzer.

Ah la sortie de l'Île Rousse, quelle galère, une pente à 10% sur 1 km et une circulation infernale. Nous n'avons qu'une hâte arriver à Calvi où nous sommes reçus au camping Paduella qui n'ouvre que le lendemain mais la gérante très gentiment nous autorise à planter notre tente quand même. Après avoir installer notre camp quotidien nous repartons pour une incursion dans les montagnes environnantes et la contemplation de sites exceptionnels comme les "Chaos de Bocca Rezza" qui s'ouvrent sur le cirque de Bonifatu, nous traversons ensuite, Calenzana, départ du fameux GR20 qui traverse la Corse par ses points les plus élevés jusqu'à Conca. Zilia fournisseur d'une eau de grande qualité et nous passons à coté du superbe village d'Aregno avant de redescendre sur Lumio et Calvi. Notre périple se poursuit par la D81 et ses nombreux virages, nous remarquerons les vestiges des mines d'Argentella, le pont sur le Fango, le golfe de Girolata et au loin la punta Scandolla paradis des oiseaux qui sont, ici, protégé. Nous arrivons à Porto et son golfe d'une beauté à couper le souffle. En descendant vers la plage nous traversons une forêt d'Eucalyptus qui embaume les environs. Déjà en ce mois de mai les touristes sont nombreux à embarquer pour une visite des calanche qui bordent le golfe. Le camping qui nous accueille borde le torrent Porto, les emplacements en terrasse sont superbes et le complexe de remise en forme, dont nous n'aurons pas besoin, est superbe. Il est dominé par le Capu d'Orto e Tre Signore.

Nous avions coché ce jour de traversée par la route des Calanche de Piana, mondialement connues, classées au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. En partant de Porto, elles se gagnent à la sueur car la montée est rude et très fréquentée mais la récompense est là dès que l'on franchit la pancarte, cet amas de roches sculptées par l'érosion, les taffoni, est surprenant et fantastique. De plus nous sommes accueillis par les applaudissements d'un groupe de touristes épatés par notre équipage.
le port de Cargèse
Nous prenons notre temps pour nourrir notre cerveau et l'appareil photo de ces belles images avant de quitter cet endroit magique et reprenons notre route en direction de Cargèse et ses deux fameuses églises qui se font face, l'une Grecque et l'autre Latine.  Elles dominent le port et le golfe de Sagone et ses plages de sable fin. C'est sous une chaleur torride que nous terminons cette journée. Ce soir nous dormons au bord du golfe de la Liscia, mauvais choix pour le camping qui se situe en bord de route car nous avons droit, en début de nuit, à un défilé de bolides de retour du rallye de Corse.

Le réveil sera difficile et encore une fois le départ se fait à froid sur une pente sévère pour une boucle de 90km dans l'arrière pays au dessus d'Ajaccio. Le temps est maussade pour la première fois et nous devrons utiliser nos impers pour finir le premier col sous la pluie. Mais ici le temps change très vite et quelques vingt minutes plus tard le soleil brille de nouveau. A notre retour l'après midi nous assisterons au spectacle de la mer en colère dans le golfe.

Aujourd'hui nous rejoignons Ajaccio avec une seule idée en tête, 3 jours de repos. Monika arrive au but qu'elle s'était fixé et la suite est trop escarpée pour elle, c'est au volant d'une voiture qu'elle m'accompagnera et me soulagera de la remorque que je tirais depuis Bastia. En effet déjà 800 km de parcourus et quelques 12000 m de dénivelé, la fatigue se fait sentir nous allons pouvoir nous ressourcer. Nous en profitons pour visiter la ville et les environs. C'est une ville embouteillée que nous découvrons, les files de voitures sont impressionnantes et il est préférable de circuler à pied. Napoléon est présent un peu partout, la maison Bonaparte qui l'a vu naître, la place du diamant et sa statue avec ses frères, la chapelle impériale etc. Les îles Sanguinaires sont plus calmes et sont incontournables. Nous en profitons pour nous régaler "chez Pech" d'un poisson inconnu de nous, le Pagre, dont la chair est fine et gustative.
Monte D'Oro 2389m
Mais le temps passe vite et il me faut repartir à l'assaut des cols qui vont me ramener sur la côte est. Pour cela je prend la direction de Bastelica en passant par les gorges du Prunelli. J'arrive dans la région des hauts sommets Corse, le GR20 n'est pas loin, les stations de ski non plus. Moi ma destinée passe par le col de  Scallella qui culmine à 1193 m seulement mais en partant du niveau de la mer, c'est une difficile ascension. Superbe panorama au sommet sur le Monte d'Oro. La descente doit se faire prudemment, la route est étroite et bien souvent encombrée par les cochons et les vaches qui cherchent leur nourriture sur le bas côté. La route me ramène dans la vallée sur la route qui va d'Ajaccio à Corte avant de remonter sur le magnifique village de Vero et le col de Tartavello, je pénètre ensuite dans la vallée du Cruzzini, ruisseau dont les eaux sont d'une limpidité et d'une transparence ahurissante.

Muna
Les villages que je traverse ensuite semblent tous somnoler sous la chaleur mais le calme s'apparente avec sérénité et vivre ici doit demander une grande force de caractère. L'itinéraire m' amène à Vico qui tranche avec les précédents villages, Vico est vivant, les habitants sont dans les rues, les commerces sont nombreux et le village est très beau, profitons en car je découvre le profil de la montée de demain. Elle me fait peur.

je décide de partir tôt car la journée va être longue. D'abord 14% d'entrée pour monter au col de Sevi, une montée épuisante mais qui n'est que le hors d'oeuvre de la journée car je grimpe au point culminant de ce circuit, le col de Vergio à 1467 m. j'arrive dans le domaine des forêts de pins Laricio qui peuplent de magnifiques forêts. La montée est très régulière et l'altitude amène une fraîcheur agréable mais le vent violent au sommet m'oblige à bien me couvrir et je ne peux pas m'attarder pour contempler à ma guise les hauts sommets environnants.

la Scala di santa Regina
La descente, sur une route superbe, se fait à vive allure jusqu'à Calacuccia qui domine le lac de barrage sur le Golo et ouvre la porte sur la Scala di santa Regina, féerie de roches sur plus de 15 km. Je me sens tout petits aux côtés de ces montagnes rocheuses. Chaque rocher semble avoir été sculpté de la main de l'homme et il est plaisant d'interpréter les formes à sa guise, c'est presqu'à regret que je quitte cette vallée pour rejoindre Corte. L'étape a été longue et je fais une petite sieste à l'ombre après avoir monté notre tente. Le climat de Corte est écrasant, humidité et chaleur, c'est dur à supporter.
Corte
Heureusement la Restonica coule à deux pas de notre campement et nous apprécierons de nous rafraîchir dans son lit. Lendemain nous partons pour une visite de la ville, la montée au belvédère est incontournable mais que ces escaliers sont fatiguants. Nous nous promenons dans la ville haute, les chants corses raisonnent un peu partout et nous avons l'impression, ici plus qu'ailleurs d'être dans un pays étranger.
Corte est dominée par les plus beaux sommets de Corse encore enneigés à cette époque c'est magnifique.

Tralonca
Le village de Tralonca est à classer parmi les plus beaux, son église est magnifique et sa fontaine très fraîche.
Je repars pour la plus longue et la plus dure étape qui doit m'amener à Aléria, mais Dieu a sans doute eu pitié de moi car la route menant au col de la Sorba est fermée et j'économise quelques forces qui me serons utiles pour finir cette grande étape. Le camping d'Aléria est magnifiquement situé au bord de la mer et un bon bain effacera les séquelles des efforts de la journée.
La plus pénibles des étapes restera, pour moi, le col de Comiti, d'abord parceque la montée est longue et la route "tournicote" monte et descend et aussi par une impression de déjà vu. L'overdose se rapproche et la fatigue me gagne. Mais il va me falloir encore appuyer sur les pédales 2 jours avant de savourer un repos bien mérité.

le couvent Saint Antoine
la Source de Loreto di Casinca
Heureusement la Castaniccia que je traverse aujourd'hui va m'apporter bien du plaisir, Piedicroce d'abord avec sa superbe église, son agent de la poste très sympathique et l'orezza que nous savourerons au bar local, puis La Porta, Giocatojo, le couvent saint Antoine, Loreto di Casinca et sa merveilleuse source sans conteste la meilleure eau que nous ayons bu durant ce mois. Ce soir nous dormons à Bastia, nous montons la tente pour la dernière fois et nous allons profiter de la mer en ayant déjà à l'esprit la fin proche. Je monte sur mon vélo pour une dernière boucle sur les hauteurs de Bastia. Le premier col est dur et il fait déjà très chaud, le vent au sommet est agréable et permet de me refroidir un peu. Une très belle descente vers le village de Murato et son église San Michele et je rejoint Oletta superbe petite ville qui domine le golfe de Saint Florent et départ en deux temps vers l'ultime col de cette randonnée, le col de Teghime escaladé avec une certaine émotion, c'est la fin de ce périple pendant lequel j' aurai parcouru 1500 km et monté 110 cols pour un dénivelé total de 23000m.



Bastia
Le dernier jour sera employé a une visite de Bastia et sa multitude d'église de caractère différent, la ville semble plus calme qu' Ajaccio où nous avions été frappé par l'état d'excitation des automobilistes. Ici la circulation est fluide, dans la ville tout au moins. La place Saint Nicolas est immense et magnifique. Nous arrivons au terme du voyage, il est temps d'embarquer, demain matin nous serons sur le continent mais déjà nous pensons vivement que l'on revienne.