Visiteur, bienvenue sur ce blog. Celui-ci est sans prétention, il n'existe que pour partager quelques bons moments passés sur mon vélo et si possible vous donner envie d'en faire autant. Bonne lecture et revenez quand vous voulez.

Papayou, Parpaillon

Carlos chantait son Papayou, moi je chante mon Parpaillon

entrée nord du tunnel 2645m
le général Berge maître d'ouvrage
Quelques fois l'armée a du génie et son Génie permit ce passage de 520m sous le col du même nom. La route tracée dans ce merveilleux vallon des Eyguettes est un plaisir de constance dans la pente.
Je l'ai gravi et pourtant il s'en fut de peu. Cette dépression importante de mi-octobre a amené la neige en grosse quantité et mon optimisme a été mis a mal ce début de semaine, MAIS le mercredi changement radical de météo, soleil et chaleur feront fondre la neige.
Après un petit kilomètre à plat permettant une remise en route de la machine après l'ascension de la veille dans la vallée voisine de Risoul, un échauffement musculaire et un bisou à ma femme qui fera presque la montée à pied depuis le pont sur le Crévoux, le menu du jour est affiché.
1660m sur le pont, 1860 au pont du Réal et 2 kms parcourus. 10% le ton est donné, ce sera comme ça jusqu'au sommet.

souvenir et respect à ces hommes

Pour mémoire
"Aux pieds du col du Parpaillon, dans le hameau de la Chalp, un camp d'Espagnols a été installé au début de l'été 1939. Ils avaient été envoyés dans les Hautes-Alpes en vue d'être employés pour l'entretien et la réfection de routes présentant un intérêt militaire dont celle du col du Parpaillon.
Les réfugiés espagnols sont logés sous tentes, à proximité de l'auberge de jeunesse de Crévoux qui servait d'infirmerie.
La « cabane des Espagnols » servait d'abri pour les outils du chantier. L'auberge et l'abri se situaient en bas du col, pour se protéger des températures peu clémentes et pour bénéficier de plus d'espace. Ces travailleurs « volontaires », resteront enfermés, séparés de leur famille et sous bonne garde militaire. Ils ont été employés à une série de travaux d'intérêt national." 

La route, asphaltée jusqu'à la cabane des espagnols devient un bon chemin carrossable et s'élève dans la forêt de mélèzes roussissants avec l'arrivée de l'hiver. Bien que cyclable aisément avec mon VTT je salue le courage de certains confrères des cent cols qui font l'ascension en randonneuse. Moi je suis au maximum sur mon vélo et mon petit plateau de 22.

cabane sans nom à l'entrée du vallon des Eyguettes
2000m, une altitude toujours délicate pour moi. Mais bizarrement tout va bien, la montée se passe bien et je m'émerveille du paysage qui doucement au sortir de la forêt dévoile mon objectif du jour.
Un sifflement, étonnamment une marmotte profite encore des derniers rayons de soleil avant de se terrer pour les 6 prochains mois. 

La température, en ce mi-octobre, commence a s'élever et je regrette d'avoir choisi le cuissard long. Montant sans casque, c'est un bon coup de soleil sur le crane qui me sera donné en punition.
Autel en plein air
Mais je me confesse à cet autel en plein air en invoquant les cieux de me donner l'énergie pour continuer et terminer cette ascension qui est mon objectif de cette année. Je vais bientôt franchir les 2200m et tout va bien, la forme est là.
Je pense à ma femme qui monte avec Uber, mon vieux compagnon, et qui doivent être au pont du Réal mais impossible de la joindre, le téléphone n'est pas encore arrivé ici. Je continue donc mon cheminement, le paysage change à chaque virage et l'émerveillement est omniprésent à chacun d'eux.

la montagne de Parpaillon


Je cherche, j'essaie de deviner, j'imagine? Où peut-il bien se situer ce tunnel? à droite? à gauche? au centre?

2200m, 2600m il est quelques part par là? Il n'y a qu'une route, je ne peux pas me tromper? Je continue et au virage suivant les hypothèses sont remises en cause. Pourtant il doit-être là à portée de fusil?
la cabane des l'Ecuelles au pied du col Girabeau
Encore 70m de D+ et je passerai les 2400m, le souffle est court. Il me semble que je n'ai plus d'oxygène. Je respire, je souffle, mais rien y fait l'air me manque. La pose s'impose, un ravitaillement en sucre pour terminer ce défit contre moi même. Je marche, je me remotive, encore 250m et 2 kms, je programme mon parcours virage après virage. Le chemin après avoir gelé, "décapi" la glaise noire colle aux pneus, le vélo a soudain pris 2 kg. Chaque coup de pédale devient plus dur que le précédent, mais l'arrivée se profile et j'apprécie ce dernier effort en devinant le but caché derrière celui-ci ou celui-là presque dernier virage.
l'entré nord du tunnel
 

Pour enfin découvrir l'entrée nord du tunnel enneigée. C'est a pied que je parcours les 100 derniers mètres car le gèle a rendu le chemin très glissant et compte tenu de mon état de fatigue mon équilibre est des plus précaire.

Je remercie les cieux et très vite j'enfile un blouson pour ne pas prendre froid devant l'entrée du tunnel qui génère un fort courant d'air venu de l'Ubaye voisin. J'avais prévu un éclairage puissant pour traverser le tunnel, prévenu de l'état du cheminement dans celui-ci. Les premiers 50m sont plus que conforme à la description que j'en avais avec en plus un sol complètement gelé et glissant. Moitié à pied, moitié a vélo je débouche coté Ubaye émerveillé comme un enfant qui vient de voir la Lune.
la sortie sud

Après la série de photos souvenir coté sud, il me faut rebrousser chemin pour retrouver les miens qui doivent être aux alentours du col Girabeau. Je perçois au bout du tunnel une luminosité importante, le soleil? impossible coté nord, soudain un vacarme assourdissant, la lueur augmente, une lueur non deux et ce bruit qui s'amplifie! Un 4x4 énorme surélevé d'une galerie de toit chargée qui passe juste sous la voûte et qui fait tomber sur son passage tous les stalactites de glace à son passage. Je me plaque contre la paroi, le véhicule s'avance, il me croise et la fenêtre s'ouvre pour m'affubler d'un "BONCHOUR" auquel je n'ai même pas répondu compte tenu de mon angoisse a ce moment là.
l'entrée sud coté Barcelonnette


Finalement ce moment de "fun" et stress trouve son épilogue lorsque j'entrevois le jour coté nord. Il est temps maintenant de mettre le casque, se vêtir chaudement, baisser la selle du vélo et entamer cette longue descente, facile mais fatigante qui me ramène à 2300m pour retrouver ma femme et mon chien, las de m'attendre qui commençaient de redescendre. J'aurai mis près de 3 heures pour gravir ce col et moins d'une heure pour le redescendre. La vie n'est pas juste.